Publié le : 28 mai 2018 à 20:53:13
Mot clés : algues, bas-saint-laurent, mrc des basques, pro-algue marine, saint-simon
Des algues cueillies sur les berges du fleuve Saint-Laurent par une petite entreprise de Saint-Simon-de-Rimouski servent à la production, en Chine, de sandales en bioplastique.
Il y a un an, Pro-Algue marine a décroché un contrat en Chine pour l’exportation d’algues récoltées entre La Pocatière et Sainte-Anne-des-Monts.
Les algues sont récoltées, séchées, réduites en petits copeaux puis expédiées par bateau en Chine.
Le contrat, dont les détails demeurent confidentiels, s’annonce pour être de longue durée, selon les propriétaires de Pro-Algue marine. Il témoigne d’un marché en expansion, non pas localement, mais à l’étranger.
« On est en retard [dans l’utilisation des algues]. Les Européens et les Chinois, ça fait des siècles qu’ils utilisent cela. Mais au Québec, c’est inconnu. », Carmen Vaillancourt
La plante de l’avenir
Si leur contrat avec la Chine existe depuis seulement un an, Carmen Vaillancourt et Jean-Pierre Gagnon récoltent des algues depuis plus de 15 ans.
Jusqu’ici, les algues étaient surtout transformées en granules et en farine pour être utilisées en horticulture ou servir de base à des traitements en thalassothérapie. Avec la recherche et le développement, de nouveaux marchés se sont ouverts comme ceux des bioplastiques, des biocarburants ou de l’alimentation animale.
« L’algue marine, c’est la plante de l’avenir. », Jean-Pierre Gagnon
Le potentiel est tel que même les États-Unis s’y intéressent. Pro-Algue marine travaille d’ailleurs à y dénicher des contrats, notamment pour des bioplastiques, ce qui la mènerait à moderniser ses équipements.
« Faut investir dans nos machineries fixes pour être capables de développer une exploitation industrielle. », Jean-Pierre Gagnon
Selon M. Gagnon, une telle modernisation permettrait à son entreprise de récolter et de traiter cinq fois plus d’algues qu’actuellement (de 7 000 à 35 000 tonnes) et de tripler le nombre de ses employés, qui passerait de six à une vingtaine de personnes.
Une ressource réglementée
Pro-Algue marine récolte ses algues sur une trentaine de sites dans 20 municipalités du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. La collecte est conditionnelle à l’émission de permis par le gouvernement fédéral. Les algues doivent être coupées à 15 centimètres du sol afin de préserver les racines.
« Il ne faut pas les arracher, sinon elles ne pousseront plus. Il n’y en aura plus. », Carmen Vaillancourt
La récolte se fait en alternance, selon un cycle de trois ans, pour permettre aux algues de repousser sur les différents sites de collectes.
Algues et cannabis
Si le Québec et le Canada ne sont pas des leaders mondiaux dans la transformation des algues, ils pourraient innover dans un secteur inattendu : le cannabis.
Les propriétaires de Pro-Algue marine assurent qu’un procédé d’algues liquides est un excellent fertilisant pour la culture du cannabis.
Bioplastique et environnement
Le professeur retraité en océanographie chimique de l’Institut des sciences de la mer, Émilien Pelletier, dit que les bioplastiques ont généralement un impact positif pour l’environnement, car ils sont le fruit de l’utilisation de matière végétale,comme les algues ou l’amidon de maïs, plutôt que du pétrole pour la fabrication de plastique. Ils permettent donc d’éviter l’extraction de matières fossiles et la production de CO2 qui leur est associée.
Mais le professeur Pelletier fait une mise en garde : cela dépend du procédé de fabrication employé. Selon lui, certains bioplastiques peuvent inclure du pétrole ou d’autres produits du même genre. Et il note que si les bioplastiques sont généralement recyclables, ils ne sont pas tous biodégradables (compostables).
Source : Denis Leduc, Radio-Canada
Photo : Samuel Ranger, Radio-Canada